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Légendes du Jazz

Thelonious Monk, le « Grand prêtre » du Be-bop

Thelonious Monk

S’il est aujourd’hui peut-être un peu moins connu des profanes, Thelonious Monk reste l’un des meilleurs et des plus influents pianistes de jazz. Un artiste hors norme réputé pour son inventivité harmonique, son jeu unique et ses improvisations.

Un prodige du piano

Thelonious Monk est né à Rocky Mount (en Caroline du Sud- USA) le 10 octobre 1917. Rien ne le prédestine à devenir l’un des géants du jazz. Certes, il bénéficie dès cinq ans d’une formation au piano, mais il fait ses gammes en découvrant Chopin ou Rachmaninov. Il joue même de l’harmonium à l’église baptiste de sa congrégation.

Mais le jeune Thelonious Monk a du talent, beaucoup de talent. D’ailleurs, il gagne plusieurs prix au “Amateur Hour” du théâtre de l’Apollo à Harlem. Il finit d’ailleurs par en être exclu. Il n’est alors âgé que de 13 ans.

L’un des initiateurs du bebop

En 1939, la seconde guerre mondiale éclate outre-Atlantique. Le pianiste a alors 22 ans. Tandis que les autres jeunes Américains sont enrôlés dans l’armée, il est jugé inapte au service. L’armée US le réforme pour des motifs psychiatriques.

La même année, il devient l’un des pianistes officiels du Minton’s Playhouse. Ce club de jazz situé au rez-de-chaussée de l’Hôtel Cecil dans le quartier de Harlem a été ouvert un an plus tôt par le saxophoniste Henry Minton.

C’est une véritable opportunité pour Thelonious Monk car il y côtoie des grands du jazz et participent avec eux à poser les fondations du jazz moderne (le bebop), lors des bœufs d’après concert. Parmi ceux-ci, on trouve le batteur Kenny Clarke, le guitariste Charlie Christian, le saxophoniste Charlie Parker et le trompettiste Dizzy Gillespie.

Malgré cette participation et ses multiples collaborations avec les plus grands du moment, le succès n’est pas au rendez-vous. Son style un peu déroutant et ses performances scéniques particulières y sont pour beaucoup. Il participe toutefois à plusieurs big bands comme celui de Dizzy Gillespie et est engagé comme pianiste régulier dans la formation de Coleman Hawkins. Grâce à ce dernier, il enregistre pour la première fois en 1944. Il doit toutefois attendre 3 ans de plus pour enfin enregistrer sous son nom.

De jazzman de Harlem à légende

En 1951, les ennuis s’accumulent, notamment après une arrestation pour détention de stupéfiants. Cela lui vaut d’ailleurs un retrait de sa carte de travail. Pendant de longues années, il est persona non grata dans tous les clubs new-yorkais.

Il parvient toutefois à rebondir, notamment à enregistrer dès l’année suivante et à participer en 1954 au Salon du jazz de Paris. Il y enregistre d’ailleurs quelques solos remarquables.

En 1957, il peut de nouveau se produire dans les clubs new-yorkais où il retrouve son public. Le succès est toutefois de courte durée, de nouveau entaché par un problème de drogue et deux ans sans pouvoir se produire dans “La Grosse Pomme”.

Malgré cela, son talent est reconnu à l’international. Il côtoie John Coltrane ou encore Charlie Rouse et participe à des nombreuses formations aux Etats-Unis, mais également aux quatre coins du globe.

Il est devenu une star mondiale et signe chez Columbia. Toutefois, le contrat prend fin en 1968 et il ne trouve plus personne pour le produire. Dès lors, il n’enregistre plus rien. Les nouveautés qui arrivent dans les bacs des disquaires ne sont plus que des enregistrements en live réalisés lors des tournées au Japon ou en France notamment.

Thelonious Monk se renferme petit à petit sur lui. Ses apparitions sont de plus en plus rares. Il disparaît le 17 Février 1982 à Weehawken (New Jersey – USA).

A titre posthume, il reçoit un Grammy Award et le Prix Pulitzer spécial qui viennent récompenser sa carrière et sa discographie comportant une cinquantaine d’albums.